Michael’s Book on Bears —le second album enchanteur et subtilement provocateur du duo norvégien Konradsen—commence comme une carte postale, une invitation ouverte à laisser les villes du monde derrière soi.
Par intermittence pendant six mois, Jenny (très enceinte de son deuxième enfant) et Eirik se sont installés dans une cabane rustique au pied d’une montagne à Storfjord. Son grand poêle à bois noir fonctionnait à plein régime contre la neige qui s’accumulait à l’extérieur alors que l’hiver arrivait par vagues. Avec le batteur Ivar Myrset Asheim et le bassiste Erlend Vesteraas, le duo a construit ces chansons de manière intentionnellement simple, omettant les excentricités texturales de leur premier album afin que ces histoires du front domestique puissent se suffire à elles-mêmes, comme ce chalet dans le jardin. Konradsen s’est donné l’espace nécessaire pour décorer ce qu’ils avaient pris tant de soin à construire.

Inspiré par le conte classique d’intrigue scandinave septentrionale de Mikael Niemi, To Cook a Bear, et par les expériences vécues par Konradsen de retour chez eux, Michael’s Book of Bears ressemble à un journal intime, distillé en son essence inspiratrice puis recréé sous la forme de 11 magnifiques hymnes, tous fiers des bois d’où ils viennent. Il offre des aperçus de la vie que mènent Jenny, Eirik et ceux qui les entourent dans les hautes latitudes de la Norvège et de la magie quotidienne qu’elle suscite. Il y a du caviar de poisson et des aurores boréales, du feu et de la glace, une reprise semblable à une berceuse du document de Terje Nilsen sur l’existence dans le grand nord de la Scandinavie et une chanson rendue dans la langue du peuple autochtone Sámi.

Le monde que Konradsen construit dans Michael’s Book of Bears est un monde où les récompenses sont plus significatives que l’argent, où la connectivité est la plus grande forme de richesse. C’est l’équivalent sémantique d’un projet DIY, de l’essai de quelque chose à sa manière et pour ses propres besoins. Les chansons de Michael’s Book of Bears sont tour à tour romantiques, sentimentales, tendres et ironiques, leurs arrangements intelligents vous emportant comme un fort ressac. Leur véritable travail, cependant, est de vous pousser à nouveau vers l’extérieur, vers une vie que vous avez imaginée mais pas encore vécue, peu importe où cela se passe.