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Pitchfork
Music Festival
Paris
04 → 10
Nov. 24

Pitchfork
Music Festival
Paris

Pom Pom Squad

Vendredi 8 novembre
Pitchfork Avant-Garde,
Pom Pom Squad

Le premier album de Pom Pom Squad, Death of a Cheerleader, passe d’une humeur à l’autre comme une caméra qui fait un panoramique sur le mur d’une chambre à coucher savamment assemblé : un rythme de batterie des Ronettes ici (« Head Cheerleader »), un clin d’œil à Doris Day là (« This Couldn’t Happen »), le romantisme impossible de cordes gonflées (« Crying ») qui s’effondrent dans des guitares déchaînées (« Drunk Voicemail »). On y trouve également tous les principes contradictoires et superposés de la jeune femme du XXIe siècle – le caractère charnel et la vulnérabilité, le sucre et le défi. Sur « Head Cheerleader », frénétique et lyrique, Mia Berrin nous promet que « mes pires décisions sont celles que j’aime le plus » même si elle reconnaît quelques instants plus tard que « mes sentiments me font toujours tourner en bourrique » ; sur l’haletant et punky « Lux » (nommé d’après l’héroïne de Virgin Suicides, bien sûr), elle se vante de se sentir « nue sans enlever aucun de mes vêtements », et c’est autant une invitation qu’un aveu d’exposition terrifiante, formulé dans la voix traînante et pleine d’audace de Berrin.

Cette tension – entre se mettre à nu et créer un art délicieux, sans langue de bois – est le moteur d’une grande partie des médias queer fondateurs auxquels Death of a Cheerleader rend hommage (et pas seulement son film homonyme, But I’m a Cheerleader).
Sur « Second That », une valse acoustique dégringolante construite autour d’une citation de Smokey Robinson, Berrin sort un instant de derrière le rideau élaboré de références qu’elle a construit avec un aveu – « I’m sad, I’m just fucking sad », sa voix étant sur le point de se briser – mais quelques instants plus tard, elle est de retour dans la montée anti-bourgeoise de « Cake », réclamant de manière ludique sa juste part. C’est un rappel du pouvoir d’affirmation de soi de l’artifice, du glam, du rouge à lèvres dessiné avec du sang. Avec Death of a Cheerleader, Pom Pom Squad offre un regard frais et résolument queer sur le fait de recoller les morceaux – d’un chagrin d’amour, d’une injustice – et de se recréer soi-même.